Même si les pouvoirs publics ont engagé depuis plusieurs années différentes actions pour en atténuer les effets et améliorer la qualité de l’air (mobilités actives favorisées, développement de l’électromobilité, mise à disposition de solutions de covoiturage, accompagnement gratuit aux particuliers...) et que les citoyens se mobilisent aussi, un long chemin reste encore à parcourir avant que nos villes soient propres.
Studio Roosegaarde
Partant de l’examen de la situation actuelle, Daan Roosegaarde, le fondateur du Studio Roosegaarde, laboratoire de design social basé aux Pays-Bas et en Chine, s’est quant à lui investi dans une approche très disruptive : la mise en œuvre de plusieurs projets urbains visant à réduire la pollution et à fournir aux populations des villes et des territoires une expérience inspirante d’un avenir propre.
L’idée lui est venue en 2013 en constatant l’épais brouillard de pollution qui s’étendait sur Pékin lors de son séjour. Daan Roosegaarde s’est alors demandé comment il pourrait contribuer au nettoyage de l’air dans les espaces urbains. C’est ainsi qu’est née la « Smog Free Tower » avec pour ambition l’amélioration de la vie en ville et davantage de vert à travers le monde.
Rappelons, en effet, qu’en Chine, les émissions de CO2 constituent 30 % du total mondial et qu’elles sont dues au fait que les 2/3 de l’électricité sont produites avec du charbon et que la majorité des usines utilisent le même combustible fossile pour fonctionner.
Le Gouvernement chinois a cependant manifesté sa volonté d’inverser les choses en poussant les projets qui favorisent la réduction des émissions de gaz à effets de serre : l’électromobilité en fait partie, mais la « Smog Free Tower » aussi.
Les résultats ont été au rendez-vous après des tests réalisés en 2016, en produisant une réduction de la pollution de 55 % dans un rayon de 20 mètres autour de la tour. D’autres villes se sont du coup portées volontaires un peu partout dans le monde, en Inde, en Colombie, au Mexique et en Pologne.
Comment fonctionne-t-elle ?
La "Smog Free Tower" mesure 7 mètres de hauteur et 3,25 mètres de largeur, elle fonctionne comme un grand aspirateur. Elle absorbe l'air environnant à raison de 30 000 m3 par heure et l'expulse une fois qu'il a été purifié grâce à un procédé d'ionisation positive des molécules d'air.
En termes d'efficacité, elle peut capturer jusqu'à 70 % de particules PM10 (particules de 10 micromètres ou moins) et jusqu'à 50 % de particules PM2,5 (particules de 2,5 micromètres ou moins). Sa consommation électrique n'est quant à elle pas plus importante que celle d'une bouilloire.
Lors des tests réalisés à Pékin, la tour a permis de nettoyer 30 millions de m3 d'air en 41 jours. Quant aux particules capturées par la tour, elles ont été compressées sous la forme de petits cubes noirs enchâssés dans des bagues transparentes que le Studio Roosegaarde a commercialisées : c'est une façon judicieuse de matérialiser les particules invisibles d'une ville pour garder en tête l'impérieuse nécessité de continuer à lutter contre la pollution de l'air.
Aujourd'hui, Daan Roosegaarde poursuit son chemin écologique en s'investissant dans un nouveau projet, complémentaire au premier, en pratiquant l'innovation par le design : il s'agit de la "Smog Free Bicycle", un vélo qui utilise le même procédé que la tour, mais qui nécessite que les cyclistes pédalent pour fournir l'énergie nécessaire au traitement de l'air. Convaincu par les précédents résultats de la tour, le Gouvernement chinois soutient le projet d'autant que l'utilisation du vélo en Chine est conséquent.
Cet article de DIGINOVE Consulting est également paru dans la Lettre hebdomadaire des TIC distribuée par notre partenaire, la Mission ECOTER, à ses adhérents.