Rappelons tout d’abord que, parmi les différentes formes d’innovations, deux modèles s’opposent classiquement :
- L’innovation de rupture qui change complètement la donne lors de son introduction autant pour les clients que pour l’entreprise qui l’introduit. La prise de risque est énorme surtout si le marché n’est pas prêt à accepter la nouvelle offre. Par contre, si le pari est gagné, l’entreprise disposera d’un atout important par rapport à ses concurrents sur un marché déjà existant ou qu’elle aura créé et dont elle occupera la position privilégiée de « leader ».
- L’innovation incrémentale qui vise à introduire certaines améliorations dans un produit, un service ou un processus existant (commande, paiement, SAV…) qui ne vont pas modifier fondamentalement les habitudes du client ou la chaîne de valeur, mais apporteront aux clients des « surprises positives » et permettront à l'entreprise de renforcer son offre et de mieux se positionner par rapport à ses concurrents.
Pour autant, il existe d’autres voies d’innovation tout aussi durables et rentables que celles-ci. Elles résultent d'une recherche systématique de progrès et d'extension du service à partir du cœur de métier de l’entreprise en explorant de nouveaux segments de clientèle ou en développant de nouvelles approches. « La stratégie Océan Bleu » en constitue une particulièrement innovante d’autant qu’elle a permis des avancées spectaculaires liées à la recherche de nouveaux espaces stratégiques jusqu’alors inexplorés.
Les deux exemples ci-après serviront à illustrer mon propos et ils pourraient d’ailleurs être répliqués avantageusement.
1er exemple : Le service traiteur allemand « Culinary Misfits »
Chaque jour, de très grandes quantités de fruits et de légumes sont abandonnées dans les champs après le passage des récolteuses. Ils sont jetés ou donnés comme aliments aux animaux par les producteurs, uniquement à cause de certaines imperfections qu’ils présentent (formes bizarres ou calibrage inadapté) qui les rendent impropres aux exigences de la grande distribution.
La société allemande Culinary Misfits a eu l’excellente idée d’acheter exclusivement ces fruits et ces légumes, qui sont pour autant tout à fait sains et consommables, afin de préparer des plats bio et locaux qu’elle commercialise ensuite.
Ce faisant, elle a permis de diminuer le gâchis alimentaire tout en fabriquant des produits de qualité qu’elle commercialise désormais et, ce faisant, elle favorise l’économie locale puisque les producteurs locaux tirent ainsi des revenus supplémentaires de leurs productions.
2e exemple : La tasse à café qui se mange de Lavazza
Le fabricant de café italien Lavazza a récemment conçu, dans le cadre de ses activités de recherche appliquée au food-design, une tasse qui se mange après qu’on ait bu son café. La Cookie Cup (c’est ainsi qu’elle s’appelle) est faite à l’aide d’une pâte sablée recouverte d’un glaçage spécial pour rendre la tasse à café imperméable.
Ce concept original mériterait d’être repris et décliné dans des domaines proches tels que le fast food afin de mieux répondre aux exigences de respect de l’environnement en favorisant la diminution de la production de déchets à recycler, voire même la suppression de la vaisselle.