Ce scénario peut vous paraître futuriste, voire peu vraisemblable, et pourtant… Nous vivons désormais dans un univers numérique, véritable 6e continent, qui tend à se densifier en termes de traces numériques chaque jour un peu plus et en voici la preuve tangible.
Ne vous arrive-t-il pas déjà de le manipuler vous-mêmes volontairement quand vous consultez Internet sur votre PC connecté, sur votre tablette ou sur votre smartphone, quand vous postez des messages sur les médias sociaux ou quand, grâce à la domotique, vous contrôlez votre confort, votre consommation d’énergie ou la sécurité de votre maison…
Parfois, cet univers numérique est également manipulé par des autorités pour votre sécurité. C’est le cas des espaces publics (rues de grandes villes telles que Londres, espaces de transport, espaces commerciaux, hôtels, ascenseurs…) qui sont équipés d’appareils de vidéosurveillance afin de vérifier que les conditions de sûreté y sont bien respectées, de lutter contre la criminalité (vols, agressions…) et de procéder le cas échéant à un contrôle social (mouvements de foule…).
L’univers numérique est également scruté par des tiers malveillants, ceux qui récupèrent les informations concernant votre activité ou votre identité et qui les exploitent ensuite pour réaliser des actions frauduleuses, telles que régulariser leur situation au regard de l'émigration, commettre un délit ou un crime, accéder à des droits de façon indue, usurper votre identité ou retirer de l’argent à votre insu sur votre compte bancaire…).
Il y a, par ailleurs, les gens du marketing qui, à travers le Big Data, s’intéressent à l’évolution du comportement, des habitudes de consommation et des usages de leurs clients. Isolément, les traces numériques recueillies n’ont pas de signification car elles ne sont pas structurées, mais si elles sont regroupées avec d’autres, traitées et combinées dans des bases de données, elles prennent alors tout leur sens, surtout si elles tiennent compte du temps réel et sont présentées sous une forme visualisable qui les rende plus intuitivement compréhensibles.
Force est de constater qu’à l’acronyme POI (Point Of Interest) qui avait fait son apparition avec les Systèmes d’Information Géographiques (SIG) pour désigner tout emplacement spécifique fixe doté de coordonnées X, Y, Z et repérable par un logiciel de navigation GPS (mairie, magasin, restaurant ou cinéma) s’est substitué désormais un autre POI (Person Of Interest) qui désigne l’individu lambda, vous et moi, en situation de mobilité.
Les objets communicants qui nous accompagnent sont ainsi appelés à quitter leur statut d’objet pour intégrer, grâce à la miniaturisation et à l’Internet des objets, des situations de plus en plus diffuses dans notre environnement quotidien, pour se greffer à d’autres objets que nous portons sur nous (« wearable technology ») ou qui sont implantés à l’intérieur de notre corps. Les premiers ne sont pas nécessairement mobiles, mais les seconds le sont puisqu’ils nous accompagnent dans nos faits et gestes. Comme tous communiquent entre eux, on peut imaginer qu’ils formeront des réseaux ad hoc en permanente reconfiguration.
Le risque de l’instrumentation numérique est donc omniprésent si nous n’y prenons pas garde et la marchandisation des accès aux données par certains acteurs (opérateurs mobiles notamment) du fait de la massification représente une bien grande tentation. Il convient aussi de ne pas oublier que le profilage des personnes, s’il n’est pas anonymisé et dès lors qu’il porte atteinte à leur vie privée, constitue une infraction à la Loi Informatique et Libertés.