Deux sociétés de Shanghai, soutenues par le Gouvernement chinois, se sont lancées dans l’aventure de sa mise en œuvre et ont développé une ingénierie routière innovante. Il s’agit de : Qilu Transportation Development Group qui est spécialisée dans la construction d’infrastructures de transport et Emperyland New Energy Technology qui développe des solutions d’énergie verte répondant au principe de développement durable.
L’infrastructure en cours de déploiement en Chine constitue un véritable système routier intelligent prévu pour le déploiement de la conduite de véhicules autonomes prioritairement en Chine, puis dans tout autre pays intéressé par cette solution. Elle sera opérationnelle à l’horizon 2022.
Elle se compose d’un revêtement spécifique qui intègre sous une couche de béton transparent des cellules photovoltaïques placées dans un pavé de forme hexagonale de 70 cm de large (voir dessin ci-dessus), capable de résister à des amplitudes thermiques allant de – 40 °C à + 50 °C pour une durée de vie minimale de 50 000 heures.
Ces pavés très résistants ont pour rôle d’accumuler l’énergie solaire et de la convertir en électricité afin d’alimenter par induction électromagnétique la batterie des véhicules électriques (autonomes ou pas) qui rouleront dessus. C’est pourquoi ils sont équipés d’une batterie lithium et de six panneaux photovoltaïques en silicium monocristallin qui transforment l’énergie solaire en électricité grâce à des micro-onduleurs.
Des capteurs implantés dans la chaussée collecteront également en temps réel différents types de données : circulation, état des véhicules, météo... Ils seront en capacité de recevoir des mises à jour sur l’état du trafic et l’itinéraire du véhicule.
Un terrain de jeu conséquent
Afin de pouvoir expérimenter en grandeur réelle cette innovation, un premier tronçon de route reliant les villes de Hangzhou à Ningbo d’une longueur de 161 kilomètres est en cours d’installation.
Les data enregistrées par les capteurs serviront à alimenter un système intégré de détection, de surveillance et de prévision du trafic routier afin d’en améliorer la fluidité et la sécurité, mais seront également utilisées pour guider de manière plus efficace les véhicules autonomes. Ainsi, une véritable interface route / véhicule est en cours d’élaboration.
Pour autant, l’approche adoptée est de nature systémique puisqu’elle vise à associer à ces pavés intelligents des lampadaires solaires fonctionnant en relation avec eux, chacun d’eux pouvant générer 3,8 kWh d’électricité alors qu’il en consomme 5 fois moins pour l’éclairage.
Le surplus d’énergie sera stocké et redistribué pour alimenter en électricité les panneaux de signalisation, les caméras de surveillance, l’éclairage des tunnels, les péages et assurer le dégivrage ou le déneigement de la route sans aucune intervention humaine sur le terrain. Les installations situées à proximité pourront également en profiter.
L’usage des routes tel que nous le connaissons actuellement est en train de vivre une rupture radicale en passant d’un support inerte à un support intelligent, interactif et durable qui reçoit de l’énergie et de la data pour les transformer en électricité et en information redistribuées ensuite sous différentes formes.
Au-delà de l’aspect technologique certes intéressant, ce sont aussi de nouveaux business modèles tout aussi captivants qui émergent (abonnements aux data packagées, création de nouveaux services d’information, Smart Grids routiers...). Voilà qui place pour le moment la Chine en bonne position pour devenir le leader du véhicule autonome et de la route intelligente.