La SNCF en a ainsi décidé en contractant, pour mener à bien son projet, des partenariats avec différents acteurs autant traditionnels (constructeurs de matériels et d’infrastructures) que nouveaux (ingénierie satellitaire, intelligence artificielle, cybersécurité...).
Le projet est ambitieux et le calendrier très serré, mais il y a à la clé la réalisation d’une superbe vitrine technologique et commerciale !
La SNCF s’est engagée dans l’expérimentation de trains totalement autonomes à horizon 2023. Son objectif vise à améliorer le trafic au niveau de sa régulation, de sa fluidité et de sa ponctualité sur l’ensemble des lignes. Sans doute, s’agit-il aussi de limiter les impacts négatifs de grèves telles que nous avons pu les vivre avant les vacances d’été 2018 en gardant la main sur l’exploitation de ses trains.
Cette annonce intervient également dans un contexte d’ouverture prochaine à la concurrence du marché du transport ferroviaire de voyageurs prévue à partir du 3 décembre 2019 pour les services conventionnés (TER et TET) et à partir du 14 décembre 2020 pour les services non conventionnés (TGV).
Le projet annoncé vise la mise en œuvre d’un train 100 % autonome piloté par une Intelligence Artificielle. Dès 2019, une locomotive dédiée au fret constituera le 1er prototype pour acquérir de l’expérience et en retirer des enseignements utiles au lancement du déploiement. Le premier voyage par train autonome envisagé avec de vrais voyageurs est quant à lui prévu en 2020 sur le RER E.
A ces fins, la SNCF s’est entourée de plusieurs partenaires regroupés dans deux consortiums :
- Le premier avec Alstom (groupe d’ingénierie d’Altran) et Apsys (filiale d’Airbus pour la cybersécurité) qui développeront le modèle utilisé pour le transport de marchandises,
- Le second avec Bombardier, Bosch, Thalès et SpirOps (spécialiste de l’Intelligence Artificielle) pour le transport de voyageurs.
La 2e annonce
Indépendamment de la 1e annonce, Guillaume Pépy a annoncé officiellement le 23 octobre 2018, sa collaboration avec le CNES pour lancer une démonstration de motrice autonome dès le début de l’année 2019 dans le cadre du projet Tc-Rail.
Cette nouvelle approche s’appuie sur des technologies spatiales puisque les trains seront « téléconduits à distance » grâce à l’utilisation de moyens télécoms terrestres et satellitaires. Ce sera aussi l’occasion de revisiter l’actuel système de contrôle commande des trains.
Il s’agira de développer des solutions de localisation de trains à partir de l’hybridation de technologies telles qu’une carte digitale, le GNSS (système de positionnement satellitaire) et la centrale inertielle (instrument de navigation capable de tenir compte des mouvements d’un mobile) et de l’utilisation de moyens d’observation de la terre tels que l’imagerie et l’inférométrie satellitaire.
L’objectif du dispositif vise à optimiser la supervision de l’ensemble des infrastructures ferroviaires pour aboutir à un système ferroviaire à la fois plus sécurisé et compétitif. Il devrait s’inscrire à terme en complémentarité des solutions développées par les industriels de la 1e annonce.
En conclusion, on assiste là à une transformation digitale radicale du ferroviaire qui fait la part belle à l’Open Innovation en mettant en œuvre des collaborations de très haute qualité avec des écosystèmes particulièrement actifs et challengés (automobile, aéronautique) au lieu de poursuivre des développements en silo, ce qui est une bonne chose.