Alors que la fluidité des connexions est assurée par des liaisons haut débit, il en va tout autrement de la mobilité individuelle en milieu urbain et les déplacements, qu’ils se fassent en voiture ou en transports en commun, sont loin d’être aussi fluides et faciles à vivre. Le nombre et l'ampleur des embouteillages de même que la saturation des réseaux de transport aux heures de pointe pénalisent ainsi chaque jour tout un chacun.
Sachant que la construction et la mise en service des nouvelles lignes du Grand Paris Express vont s’étaler de 2013 à 2030, quelles solutions faudrait-il mettre en œuvre en parallèle pour faciliter le quotidien en ville de la population ?
Le télétravail, une solution qui vient à point nommé
Le télétravail désigne toute forme d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l'information dans le cadre d'un contrat de travail ou d'un avenant à celui-ci.
Il s'inscrit en outre dans un cadre légal :
- Accord-cadre européen en juillet 2002 signé par tous les partenaires sociaux européens et transposé en France par l‘Accord National Interprofessionnel (ANI) du 19 juillet 2005
- Adoption par le Parlement en mars 2012 de l'article 46 de la loi Warsmann relatif au statut du télétravailleur. La réforme a inséré trois nouveaux articles dans le Code du travail (L 1222-9 à L 1222-11) qui facilitent le recours au télétravail.
Les télétravailleurs bénéficient de ce fait des mêmes droits et garanties que les autres salariés de l’entreprise et continuent d’appartenir à la communauté du travail. Le télétravail ne peut cependant être mis en œuvre que sur la base du volontariat des salariés et c’est l’employeur qui doit prendre en charge tous les moyens et outils nécessaires à sa mise en œuvre.
Les différentes formes du télétravail
Parmi les différentes formes de télétravail, on distingue :
- Le télétravailleur à domicile : salarié travaillant la majorité du temps à la maison et se rendant de temps en temps dans les locaux de son employeur
- Le télétravailleur nomade : salarié conservant un poste de travail physique dans l’entreprise, mais utilisant les TIC dans ses déplacements, à la maison ou chez ses clients pour se connecter au système d’information (SI) de son entreprise
- Le télétravailleur en télécentre (qu’il soit public ou réservé à une seule entreprise) : salarié souhaitant distinguer clairement vie privée et vie professionnelle et maintenir les contacts entre salariés
- Le télétravailleur en réseau : salarié pouvant être localisé sur un site (celui de l’entreprise, dans un télécentre ou chez un client) et travailler sous le contrôle d’un manager à distance, éventuellement au sein d’une équipe virtuelle.
Il est possible de recourir au télétravail quel que soit le secteur d’activité, dans toutes les entreprises (y compris celles du secteur public) et quelle que soit leur taille. Il s’applique à tous les postes de travail dès lors que l’emploi est compatible avec le travail à distance. Il est à noter que les emplois de cadres et d’ingénieurs, les fonctions administratives support, les fonctions intellectuelles... ayant recours aux TIC sont les mieux adaptés au télétravail. En règle générale, il concerne 2 jours de travail par semaine au minimum.
Pour le télétravailleur :
- Amélioration des relations et des conditions de travail et de vie
- Meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle
- Aucune formalité administrative ou comptable à réaliser (prise en charge par l’employeur)
- Équipements et services mis à disposition par l’employeur
- Plus grande motivation du salarié
- Gains de flexibilité et de productivité de l’ordre de 27 %
- Diminution significative des charges fixes de l’ordre de 18 % (location de bureaux, chauffage, électricité, frais de transport…) si 20 à 30 % des salariés de l’entreprise l’adoptent
- Amélioration du bilan carbone (Scope 3 : au titre du déplacement des salariés)
Pour le télétravailleur :
- Sentiment d’isolement
- Manque d’autonomie et d’organisation personnelle
- Risque de se croire en vacances
- Réversibilité à organiser longtemps à l’avance avec l’employeur pour le retour en entreprise
- Dispositions prévues à l'accord national interprofessionnel pas toujours appliquées
- Affaiblissement des collectifs de travail
- Moins de contrôle du temps effectif de travail
- Accès aux informations sur support matériel
- Confidentialité d’accès aux données de l’entreprise
- Risque de détournement des équipements fournis à d’autres usages que professionnels
Il appartient aux entreprises de s’engager dans cette voie et d’encourager leurs salariés à adopter le télétravail. Renault l’a fait en 2007, Alcatel-Lucent, L’Oréal et Coca Cola en 2008, France Télécom et Michelin en 2009 ainsi que de nombreux autres tels qu’IBM et CISCO… Des PME/PMI, des TPE, des salariés indépendants ont également suivi.
Citons aussi l’initiative particulièrement innovante de la SNCF Transilien qui a, en fin d’année 2012, transformé en bureaux de télétravail communautaire d’anciens logements de cheminots ou locaux inoccupés situés dans des gares parisiennes de Grande Couronne. Cette opération a ainsi permis à quelques cadres SNCF de bénéficier deux jours par semaine de ces nouvelles conditions de travail, étant entendu qu’en cas de nécessité, ils devaient prêter main forte aux équipes des gares qui les accueillaient.
Les occasions ne manquent donc pas : il suffit de prêter un peu d’attention aux situations qui se présentent, comme par exemple le déménagement de l’employeur ou celui du salarié occasionnant un allongement du temps nécessaire à réaliser le trajet domicile-travail, l’accès à l’emploi facilité pour les Personnes à Mobilité Réduite…
Il est alors opportun de proposer la solution du télétravail. La plupart du temps, les salariés adhèrent à la formule proposée par l’employeur et déclenchent chez leurs collègues l’envie de devenir eux aussi des télétravailleurs.
Le Conseil Régional d’Île-de-France a lancé en 2012 deux appels à projets visant à encourager l’émergence de propositions émanant de collectivités locales, d’entreprises et d’associations auxquelles il a contribué financièrement pour celles qui ont été sélectionnées.
Les collectivités locales se montrent également très intéressées par le télétravail, particulièrement celles situées dans le périurbain en zone rurale, dans la mesure où l’implantation d’un télécentre leur apporte un regain de vitalité économique en créant des emplois (gestion du télécentre). Elles se disent aussi favorables à l’examen, avec les entreprises, des conditions d’accueil de leurs salariés dans des locaux leur appartenant.
S’il est évident que la mobilité urbaine doit être favorisée et améliorée, elle ne doit pas l’être pour autant à n’importe quel prix ni dans n’importe quelles conditions. En ce sens, le télétravail, parce qu’il permet d’améliorer le quotidien en ville de la population, de désaturer les réseaux de transport public et de diminuer l’émission des gaz à effet de serre liés aux déplacements, est une voie d’avenir qu’il faut absolument explorer et développer.