Présentée depuis quelques années comme une véritable rupture technologique et comme le futur de la mobilité, la NFC était censée s’intégrer rapidement à notre quotidien. Cependant, il n’en est rien et force est de constater que, si son déploiement progresse en France lentement mais sûrement, on est tout de même loin du raz de marée annoncé par la communication optimiste des opérateurs de téléphonie mobile et des banques.
La NFC n’est pourtant pas si nouvelle que cela et aurait dû a priori être facilement déployable sur les téléphones mobiles. En effet, pour ceux qui l’auraient oublié, il faut ici rappeler que le passe sans contact Navigo qui utilise aussi cette technologie résulte à l’origine d’un partenariat entre la RATP, la SNCF Transilien et Innovatron en 1994.
Son déploiement dans les transports publics a démarré en Île-de-France en 2001, année au cours de laquelle il a été largement distribué aux abonnés porteurs de la carte Intégrale, puis à partir de 2002 aux étudiants et aux scolaires porteurs de la carte ImagineR et par la suite à d’autres titres de transport. Ce support est désormais très largement utilisé dans les transports publics en France.
Les clients ont ainsi pu bénéficier du remplacement de leur ancienne carte papier avec coupon magnétique par un support plus moderne et compact et d’un passage aux lignes de contrôle plus fluide et agréable car il ne leur était plus nécessaire de sortir leur passe pour le valider. L’adoption a été immédiate et rapide du fait d’un avantage client indéniable.
L’arrivée sur le marché du téléphone mobile se présentait donc comme une opportunité rêvée pour faire évoluer le support et proposer encore plus de facilités et d’innovations dans les usages quotidiens des clients. Pourtant la généralisation de la NFC sur mobile a été décalée d’année en année : on nous l’annonçait pour 2013, puis pour 2015, Juniper Research affirme à présent qu’elle ne se fera qu’en 2017…
>> Mais quelles sont les causes de ces atermoiements ?
Les solutions technologiques explorées sont à ce jour nombreuses, cependant aucun standard ne se dégage.
En France, le modèle dit « SIM Centric » reste majoritaire car il est prôné par les opérateurs mobiles français et, à l’occasion de l’expérimentation lancée à Nice en mai 2010, il a fait l’objet d’une commercialisation sous la marque Cityzi.
Les principaux avantages du « SIM Centric » consistent en la fourniture d’une sécurité logique (cryptage) et d’une sécurité physique (absence de falsification et protection contre les copies). Cela a conduit les opérateurs mobiles à définir la carte SIM comme un élément de sécurité majeur dans un système NFC.
Qui plus est, celle-ci bénéficie :
- D’un très large déploiement (plus de 3 milliards d’utilisateurs),
- D’une grande portabilité (transfert des applications facile d’un mobile NFC à un autre),
- D’une gestion dynamique à distance (blocage, activation ou suspension des services à distance par l’opérateur en cas de perte ou de vol),
- D’une certaine standardisation (basée sur des standards globaux déjà bien établis),
- D’un long cycle de vie (plus long que celui d’un téléphone mobile, ce qui la rend apte à stocker des applications NFC).
Par contre, son inconvénient majeur vient du fait que les applications sont liées à l’opérateur mobile, ce qui oblige l’utilisateur à devoir les recharger sur son mobile dès lors qu’il change d’opérateur ou de pays.
De plus, l’opérateur mobile a la capacité de traiter des transactions financières et de demander le paiement à son abonné directement sur sa facture téléphone, puis de reverser au commerçant le montant correspondant, déduction faite de sa commission. Il peut, en effet, identifier sans risque d’erreur l’abonné sur le réseau car la transaction s’effectue sur la carte SIM qui lui appartient. Il joue aussi dans ce cas le rôle de tiers de confiance.
Visa et Samsung ont, quant à eux, dernièrement signé un accord et proposent une solution alternative à ce modèle qu’ils déclarent être plus simple que celle des opérateurs mobiles car elle s’appuie sur le système d’exploitation du mobile. Ce modèle est d’ailleurs également celui proposé par Google pour son wallet et la marque a signé des partenariats avec Ingenico et MasterCard pour le développer.
Plus récemment, Apple, se refusant d’intégrer la technologie NFC dans ses IPhones, a choisi d’introduire avec l’iOS7 l’iBeacons utilisant la technologie Bluetooth Low Energy ou BLE, un concurrent de la NFC, qui permet de localiser précisément le mobile de l’utilisateur dans un rayon allant de quelques mètres à 50 mètres (grande proximité) et qui fait l’objet d’un test chez Paypal. L’émission en permanence (mode Actif) et l’envoi d’informations à l’utilisateur sans qu’il les demande (mode Push) différencient le BLE de la NFC. Il n’est par contre pas prévu de faire du paiement avec ce dispositif.
Signalons enfin l’initiative à grande échelle lancée par la Banque Postale, filiale de La Poste, à Bordeaux et à Caen pour le paiement mobile NFC. Elle a choisi pour ce faire l’implémentation dans une carte microSD, ce qui lui permet de s’affranchir des opérateurs mobiles. La carte microSD contient une application Visa PayWave pour le paiement sécurisé et une antenne miniature pour permettre au mobile de communiquer via la technologie NFC avec les terminaux de paiement.
Comme on le voit, la multiplicité des voies explorées (et qui continuent à l’être) prouve qu’il n’existe pas encore de standard affirmé sur le marché, quoi que certains en disent. L’approche des différents acteurs reste essentiellement technologique et se caractérise par un manque d’ouverture puisque les solutions propriétaires sont en général celles privilégiées. Un positionnement dominant dans l’écosystème demeure leur préoccupation essentielle car elle leur assurera une maximisation de leurs revenus.
Côté utilisateurs, l’engouement n’est pas encore vraiment au rendez-vous, sans doute parce qu’aucune « killer application » n’a encore vu le jour et que la distribution des mobiles NFC n’est pas suffisamment massive. Pour autant, une approche « User Centric » privilégiant l’innovation des services et des usages et le respect de la privacy devrait sans nul doute relancer leur intérêt et les inciter à apporter leur contribution à l’élaboration d’une nouvelle offre.