La dématérialisation (absence de support papier au profit de l’électronique) et la digitalisation des services se sont également emparées des moyens de paiement et, désormais, les supports mis à disposition des consommateurs (carte, bague, téléphone mobile, bracelet...) prolifèrent.
Lancée en 2012 par les banques, la carte bancaire sans contact (utilisant la technologie NFC : Near Field Communication ou Communication en Champ Rapproché) a fait l’objet d’une adoption massive par les consommateurs, ce qui a conduit au relèvement du plafond des dépenses à 30 € par achat fin 2017 alors qu’il était antérieurement fixé à 20 €.
Désormais, tout détenteur d’une carte bancaire sans contact peut payer ses achats à un commerçant sans avoir à saisir son code, si celui-ci dispose d’un terminal de paiement approprié, en approchant simplement sa carte bancaire du terminal pour réaliser la transaction.
La facilité d’usage pour les petits achats côté consommateurs, la fluidité et la sécurité de la transaction de même que la réduction des files d’attente aux caisses côté commerçants ont largement contribué au succès de ce support.
Quant aux banques, le résultat est édifiant : les retraits d’argent aux distributeurs automatiques ont diminué de 3 % et cela devrait encore s’accentuer en 2018.
Et qu’en est-il des transports publics ?
Se déplacer en transports publics nécessite, avant même de voyager, l’achat d’un titre de transport à l’unité ou d’un abonnement couvrant une période pouvant aller de quelques jours à une année.
Or, il n’est pas toujours évident d’acheter un billet à l’unité à bord d’un bus, ni même de payer avec un billet de banque, le conducteur n’étant pas toujours en mesure de rendre la monnaie. Il est de ce fait conseillé d’avoir l’appoint. Et le bus ne peut en principe pas redémarrer tant que le paiement de l’usager n’est pas finalisé.
Il en est de même pour pouvoir voyager en train ou en métro. L’achat d’un titre de transport ou le rechargement de son passe en début de mois nécessitent la plupart du temps de faire la queue devant les distributeurs de billets pour réaliser l’opération.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’expérience utilisateur est loin d’être positive et cela rend les transports publics de fait moins attractifs pour les voyageurs en général et les non résidents en particulier (touristes étrangers notamment).
Quant aux opérateurs de transport, la collecte périodique de cet argent liquide représente une opération coûteuse et à risque qui nécessite de faire appel à des professionnels expérimentés.
Transport For London l’a fait !
Transport For London (TFL) est l’Autorité Organisatrice des Mobilités pour la ville de Londres et le Grand Londres au Royaume Uni. Elle s’est lancée dans le « sans contact » en mettant à disposition de ses voyageurs la « carte Oyster » dès 2003.
Elle a ensuite progressivement évolué vers de nouveaux supports tels que les téléphones mobiles NFC et la carte bancaire sans contact tout en s’attachant à développer l’interopérabilité de son système billettique avec l’ensemble de ces dispositifs sans contact.
Sa stratégie de développement avait pour priorités :
- La lutte contre la fraude
- La réduction du temps d’attente aux distributeurs et aux lignes de contrôle
- La réduction de la gestion des espèces
- La diminution des dépenses de maintenance des équipements (pour l’essentiel, distributeurs de titres).
Cette évolution de son système billettique s’est accompagnée d’une politique tarifaire adaptée Oyster « Pay As You Go » et de la mise en place de l’Open Payment sur l’ensemble de ses réseaux.
L’Open Payment est un nouveau concept qui consiste à :
- Utiliser sa carte bancaire sans contact pour accéder aux services de mobilité -cela sans avoir besoin d’acheter un quelconque titre de transport-
- Et de payer pour le voyage réalisé -après validation via sa carte bancaire en entrée et en sortie du réseau- par simple débit du compte bancaire de l’usager avec l’assurance que le prix appliqué sera celui du meilleur tarif.
La facilité d’usage, l’image innovante de ce nouveau service, la garantie d’une facturation au meilleur tarif ont été des arguments qui ont séduit les usagers habituels, mais également de nouveaux clients. Les touristes étrangers y ont également trouvé leur compte car ils n’avaient plus besoin de se préoccuper du titre adéquat à acheter pour voyager sur les réseaux londoniens.
A ce jour, le ratio de la billettique pour Londres s’établit à 8 ,8 % du fait de la baisse des coûts d’exploitation (pour mémoire : ils sont comparativement de l’ordre de 15 % pour New York et de 20 % pour Paris).
Dans le tableau ci-dessous, la mise en perspective de deux périodes d’exploitation montre bien le changement des comportements qui s’est opéré dans les usages voyageurs :
Par ailleurs, on peut aussi constater une érosion lente, mais certaine du nombre d’abonnements Oyster Pay As You Go au profit de la carte bancaire sans contact ce qui, augmenté des billets à l’unité autrefois achetés aux distributeurs ou aux guichets, constitue une baisse globale de l’ordre de – 23 % entre les deux périodes analysées.
Quid de la France ?
Dijon Métropole est, pour le moment, la seule grande ville française à avoir lancé depuis le 27 mars dernier l’Open Payment sur ses deux lignes de tramways. Elle envisage d’étendre ce service sur ses principales lignes de bus en septembre et ensuite de le déployer sur la totalité de son réseau d’ici fin 2018 ou mi 2019. Grâce aux bornes de validation sans contact installées à bord des véhicules, les usagers peuvent désormais payer leurs trajets avec leur carte bancaire sans contact.
C’est une première d’importance et il sera intéressant de vérifier dans les mois à venir si le même engouement qu’à Londres est partagé par les usagers pour ce nouveau service et si d’autres villes françaises sont prêtes à suivre cet exemple.
D’ores et déjà, Bordeaux métropole est annoncée comme la prochaine ville prête à adopter l’Open Payment dès 2019 et Paris courant 2020. Nul doute qu’avec l’échéance des J.O. en 2024, Paris aura le temps nécessaire pour bien roder son nouveau système billettique et que cette évolution dans la manière de voyager devrait séduire de nombreux visiteurs étrangers et français et faciliter grandement les déplacements en transports publics dans la capitale et d’autres métropoles.
Cet article de DIGINOVE Consulting est également paru dans la Lettre hebdomadaire des TIC distribuée par notre partenaire, la Mission ECOTER, à ses adhérents.